Refus du port du masque à Guédiawaye : les populations défient-elles l’ordre établi ?
Le port du masque fait partie des mesures essentielles qui visent à enrayer la transmission du coronavirus et à sauver des vies (OMS) Son utilisation doit s’inscrire dans une stratégie globale. Mais le masque semble être relégué au second plan dans nos différentes localités.
Ici, à Guédiawaye, dans les communes de Sam Notaire, Golf Sud, Wakhinane-Nimzatt, le constat est le même. Partout on note un relâchement des populations comme si le virus était vaincu définitivement. Elles n’observent plus aucune rigueur dans le respect des gestes barrières, malgré l’existence d’un décret qui rend obligatoire le port du masque dans les lieux publics, les transports, les services.
Un comportement qui frise le défi…
Au niveau de la pharmacie de Golf Sud, par exemple, nous avons rencontré une jeune élève sans masque, F. Gueye, âgée de 25 ans, qui affirme que « la Covid-19 est finie ». Dans le même sens, M. Sarr âgé de 48 ans, habitant Hamo5, nous aborde par ces propos : « Si vous portez ce masque, c’est parce que vous ne croyez pas en Dieu ». Il rit, secoue la tête avant de prendre congé.
Lorsque nous sommes arrivés au marché jeudi, un marché hebdomadaire sis dans la commune de Sam Notaire à hauteur de la cité des Enseignants, nous avons constaté le non-respect des mesures barrières comme la distanciation physique et le port du masque.
Seules quelques rares personnes perdues dans la foule honorent les règles établies. L’une d’elle affirme d’ailleurs que : « parfois j’ai honte de porter seul le masque ».
Ainsi, les contrevenants mettent en danger leurs propres vies et celles de leurs concitoyens en favorisant la propagation du virus aggravant du coup la montée du risque sanitaire au sein de la communauté. Vu la situation, il est nécessaire de s’interroger sur les causes de ce comportement.
Pourquoi es habitants de ce département n’accordent plus de l’importance au port du masque ?
Les personnes que nous avons rencontrées au garage Serigne Assane dans la commune de Wakhinane-Nimzatt nous ont fait part de leurs arguments. Certains estiment que les mesures drastiques prises par l’État en guise de riposte contre la deuxième vague et centrées principalement sur les régions de Dakar et Thiés ont pu laisser croire que le reste du pays n’encourait aucun risque de propagation du virus. Tandis que d’autres considèrent l’assouplissement des mesures, l’affaissement des activités de sensibilisation, la faible communication et la fameuse déclaration des autorités étatiques qui encourageait à « apprendre à vivre avec le virus » ont permis à une certaine opinion d’entretenir l’idée selon laquelle la pandémie n’existe plus. A leurs côtés, quelques personnes, bien que convaincues de l’existence de la Covid-19, pensent que l’abandon du port du masque est le résultat de la pression sociale liée aux difficultés économiques ; là où d’autres n’ayant pas intégré la possible mutation du virus soutiennent que les mesures sont inopérantes.
Une partie des personnes interrogées déplore le nombre pléthorique de masques contrefaits qu’elles considèrent comme des vecteurs de maladies entretenus par des businessmen qui ne sont mus que par leurs propres intérêts. Le masque est ainsi rangé aux oubliettes et le caractère dérisoire de son coût actuel témoignerait du manque d’importance que la population accorde à l’existence de la maladie.
En effet, pour la majeure partie de la population, le masque n’est porté que par contrainte pour bénéficier d’un service dans une institution ou pour prendre un moyen de transport en commun. C’est le cas de M. Ndoye, 38 ans, rencontré à l’entrée de l’agence de la Senelec de Sam Notaire. « Je porte le masque que quand je dois aller dans un service où il est obligatoire car je suis incapable de le mettre pendant longtemps », confesse-t-il. Par contre au niveau des lieux de culte comme la mosquée Mouride et la chapelle St Augustin de Wakhinane, nous avons noté que les fidèles se sont réappropriés les masques. L’imam et le curé nous ont dit avoir récemment bénéficié d’un don de masques et de gel de la part du Comité communal de riposte contre la Covid-19 de la commune de Wakhinane-Nimzatt.
Du côté des forces de l’ordre, on note un certain relâchement quant aux mesures dissuasives et réprimandes. A la place de la contravention, les hommes de tenue se contentent de rappeler, certes avec fermeté, la nécessite de porter le masque.
La vie a repris son rythme normal et les habitants de Guediawaye semblent être passés à autres choses. Ils ne se soucient plus de la gravité du virus d’où la baisse notable du respect des mesures barrières, le port du masque en l’occurrence.
Points focaux Guediawaye : Pape Michel Mendy, Yade wane Faye, Thierno Ba